La réforme du Docteur Barrette, une de plus…

30 septembre 2014

Communiqué conjoint AQIS/COPHAN

Montréal, le 30 septembre 2014 — Le projet de Loi 10 déposé la semaine dernière par le ministre de la Santé et des Services sociaux, monsieur Gaétan Barrette, suscite de grands questionnements auprès de l’Association du Québec pour l’intégration sociale (AQIS) et de la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (COPHAN). Depuis les trente dernières années, il faut dire que des réformes et des restructurations, notre mouvement associatif en a vu plus d’une. Une de plus en effet!

Ces changements et réformes tous azimuts ont toujours été motivés et justifiés, aux dires de nos dirigeants, pour positionner le patient et la personne au cœur des priorités. Diminuer la lourdeur administrative et financière ne peut qu’être un objectif louable. Toutefois, au fil des ans, et ce malgré des annonces hautement médiatisées, les personnes en situation de handicap et leurs familles ne perçoivent que très rarement (pour ne pas dire jamais) les avancées et les bienfaits dans leur quotidien. Est-ce que cette nouvelle organisation aura les effets escomptés comme le dit haut et fort le Docteur Barrette? Est-ce que les personnes ayant des limitations fonctionnelles verront leur accès aux soins et services amélioré et leur condition mieux soutenue? Dans la foulée des compressions ou «optimisations», verrons-nous d’autres programmes coupés tels que tout récemment celui offrant une bien maigre allocation de fréquentation pour des personnes ayant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme? Si le passé est garant de l’avenir, nous restons très prudents face à des changements qui monopolisent beaucoup d’énergie en planifications diverses et laissent très peu de temps pour les services directs répondant à des besoins concrets.

Nous sommes également sceptiques face à la création de super-structures que seront les Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS). Les services spécialisés qui sont requis en déficience intellectuelle et en déficience physique ne seront-ils pas noyés dans une mer de priorités qui relèveront trop souvent de l’aspect médical, délaissant des besoins essentiels de stimulation précoce, de participation sociale, de développement d’autonomie et des capacités de travail, d’activités socioprofessionnelles, de services d’aide à domicile et de soutien aux familles? Déjà depuis 10 ans, le milieu peine à déterminer ce qui relevait de la 1ère de la 2e ligne. Plusieurs personnes et familles en ont d’ailleurs fait les frais. Cette révolution viendra-t-elle encore modifier l’échiquier et risquer à nouveau de perturber l’équilibre précaire du continuum de services qui a déjà connu moult ratés?

Finalement, on constate que le Docteur Barrette sera un super-ministre de qui relèveront plusieurs nominations d’importance. L’AQIS et la COPHAN rappellent à son bon souvenir qu’il est le ministre de la Santé, mais également des Services sociaux et que malheureusement, les personnes ayant des limitations fonctionnelles et leur famille se sentent très peu considérées dans son discours et ses actions. Il nous tarde que des décisions, trop souvent comptables, soient évaluées et étudiées en fonction des impacts majeurs sur la vie quotidienne des personnes en situation de handicap afin de ne pas créer un autre déficit, mais celui-ci d’ordre social.

Les gouvernements changent, les réformes passent, mais ces personnes sont toujours présentes et espèrent encore en 2014 que des considérations autres qu’économiques viennent à la tête de nos dirigeants. Il est certain que nos deux regroupements nationaux seront présents et actifs lors de la prochaine Commission parlementaire et que nous suivrons de près les impacts de cette loi si jamais elle entre en vigueur. Pour l’heure, l’inquiétude est palpable, et les espoirs d’amélioration, peu présents.