Comment se rendre au travail quand on dépend du transport adapté?
5 octobre 2015À la COPHAN, nous entendons toutes sortes d’anecdotes, de plaintes, de récits de vie. Nos membres nous parlent de leurs membres et des individus ennuyés nous contactent parfois. Une personne de notre connaissance, appelons-là Mme L, nous a parlé de ses déboires avec le transport adapté, de son stress quotidien pour embaucher à 9:00, de ses difficultés à concilier famille / aide à domicile / travail… Regardons plutôt, à titre d’exemple, la semaine qu’elle vient de passer :
– Lundi, arrivée à son travail à 9:30. Le minibus venu la prendre chez elle a rencontré un problème technique et est reparti sans elle 20 minutes après. Il a fallu attendre un autre véhicule.
– Mardi, arrivée à 9:15, en état avancé de stress. Le taxi est passé sans s’arrêter devant l’édifice où elle travaille parce que sa feuille de route indiquait de déposer en premier une autre personne plus loin. Comme les deux clients du taxi trop étroit étaient en fauteuil motorisé, il a fallu détacher tout le monde pour jouer à un petit jeu de chaises musicales.
– Mercredi, matin correct mais Mme L est arrivée chez elle à 18:45 alors qu’elle attendait la STM depuis 17:15. « Le chauffeur qui est arrivé bien après les 30 minutes d’attente réglementaires a pris les pires rues relativement aux travaux et au trafic, nous dit-elle. Il était apparemment en formation. »
– Jeudi, arrivée à… 10:00! La raison invoquée? En fait, aucune.
– Vendredi, journée de congé pour Mme L. Elle serait bien allée au cinéma, mais les chances d’arriver après le début de la projection l’en ont découragée.
« Depuis fin août, c’est l’enfer, le transport adapté!, nous confie-t-elle. On m’a dit que c’était à cause de la rentrée, mais je commence à craindre que la rentrée ne dure toute l’année. »
À la COPHAN, comme employeur de personnes ayant des limitations et comme regroupement de défense des droits notamment en matière de transport, on se pose donc la question : comment font ceux qui travaillent dans des entreprises moins conciliantes que celles de Mme L? Parviennent-ils seulement à garder leur job? Le manque d’assiduité, même s’il est involontaire, n’est-il d’ailleurs pas un frein à leur embauche?
Certes, les incidents mécaniques, les chauffeurs zélés qui s’en tiennent aux instructions et les conducteurs novices, ça arrive. Montréal est truffée de cônes oranges et de rues barrées. Soit. Le transport adapté connaît une croissance constante de son achalandage sans recevoir le soutien adéquat du ministère du Transport, nous en convenons. Mais n’y aurait-il pas un beau travail de réorganisation à faire pour éviter les feuilles de route impossibles et les temps d’attente inexpliqués?
Mme L vit et travaille à Montréal mais les difficultés se vivent dans toutes les régions. La STM et les sociétés de transport du Québec ont toutes un rôle crucial à jouer dans l’augmentation de la participation sociale des personnes ayant des limitations. Il s’agirait d’y penser lorsqu’elles coupent des postes de répartiteurs, de chauffeurs ou de préposés au service à la clientèle, pour répondre à une logique à court terme plus comptable qu’humaine.