Journée internationale des personnes handicapées : pas vraiment de quoi fêter!

3 décembre 2004

Montréal, le 3 décembre 2004 – Le mouvement associatif des personnes ayant des limitations fonctionnelles a peu de raisons de se réjouir. En effet, alors que l’Assemblée nationale s’apprête à adopter avec une unanimité « touchante » le projet de loi révisant la Loi assurant l’exerce des droits des personnes handicapées, nous dénonçons, comme nous l’avions déjà fait en 2003, l’inefficacité de cette loi qui va encore, après 26 ans de sensibilisation, responsabiliser durant au moins encore 5 ans, si ce n’est pas cinquante, les ministères, leurs réseaux et les différents acteurs de la société québécoise, à se rappeler que les personnes ayant des limitations fonctionnelles existent. S’ils ne s’en rappellent pas et bien….rien! Cette loi consacre encore le rôle d’une organisation gouvernementale liée au ministre de la Santé et des Services sociaux pour veiller, évaluer, coordonner, concerter les actions des différents acteurs.

À quand une loi qui forcerait les ministères et les différents acteurs à considérer les impacts de chacun de leurs projets sur les personnes ayant des limitations fonctionnelles, avant de les mettre en application? Quand pensera-t-on avant plutôt que de créer après des mesures particulières, des programmes particuliers, des régimes particuliers, en criant que ça coûte trop cher ? Le comble est atteint quand, sous prétexte de nous satisfaire, la présidence de cette organisation gouvernementale sera assumée par une personne ayant des limitations fonctionnelles ou un parent mais en fait tous les articles qui définissait le pouvoir de la présidence sont maintenant attribués à la direction-générale qui sera nommée par le gouvernement!

Parlons du projet de Loi sur l’aide aux personnes et aux familles. Le retour en arrière est complet et l’exclusion est de mise : un programme particulier de solidarité sociale, des allocations de participation sociale : soyez bénévole pour le restant de votre vie, passez par la case départ, recevez tant de dollars.

Depuis des années nous réclamons d’être des citoyens et citoyennes comme les autres, pouvoir exercer les mêmes droits et notre participation citoyenne, pouvoir aller à l’école, sur les sites Internet, travailler, se déplacer, aller au restaurant, au cinéma, faire les courses, recevoir des services de qualité, militer, etc.. Pour ça, il faut tout d’abord que la société ait le réflexe, chaque fois qu’un projet émerge, de le concevoir de façon accessible à toute la population : les logements, le transport, l’éducation, etc.. Il faut également maintenir et prévoir des mesures et des moyens de rattrapage, entre autres : le braille, l’accompagnement, l’accessibilité universelle, des interprètes pour les personnes sourdes, et ce, partout. Enfin, il faut lutter contre les préjugés et la discrimination. L’expertise des personnes est là, on sait ce qu’il faut faire et comment le faire. On ne devrait plus attendre des années pour avoir un logement adapté, se battre pour obtenir plus d’un bain par semaine, prévenir 48h à l’avance pour se déplacer, être embauché que si on bénéficie d’un programme. Au XXIe siècle, la société devrait être inclusive. L’application du respect, de la dignité, des droits, de l’égalité sont des investissements, pas des dépenses.

En conclusion et tout étant relatif, en cette Journée internationale, décrétée par les Nations-Unies, nous voulons vous rappeler qu’en 1982, l’ONU indiquait que plusieurs facteurs sont à l’origine de l’augmentation du nombre des personnes ayant des limitations fonctionnelles et de leur marginalisation croissante, notamment les guerres et leurs conséquences et autres formes de violence, la destruction, la pauvreté, la faim, les épidémies, les mouvements massifs de population. Combien d’enfants, de femmes et d’hommes meurent ou deviennent handicapées, à l’instant même, suite aux bombardements, en sautant sur une mine antipersonnel, en ne mangeant pas à sa faim, en n’ayant pas les médicaments nécessaires, en étant violés ou torturés. Toute notre solidarité va vers eux.

 

Richard Lavigne, Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (COPHAN)
Michel Lemay, Alliance québécoise des regroupements régionaux pour l’intégration des personnes handicapées (AQRIPH)
Guy Plourde, Association des groupes d’intervention en défense des droits – santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ)
Lucie Cholette, Association québécoise pour l’intégration sociale (AQIS)