La COPHAN soutient la demande de recours collectif déposée par la Société québécoise de la déficience intellectuelle contre le Gouvernement du Québec.

28 novembre 2025

Il est plus que temps que ça change ! 

Dans une société qui se veut moderne, équitable et respectueuse des droits fondamentaux, il est difficile de comprendre comment, en 2025, des milliers de Québécoises et de Québécois ayant une déficience intellectuelle peuvent encore être appelés à travailler sans salaire, sans protection et sans perspectives réelles d’avancement. Pourtant, c’est exactement ce qui se passe dans plusieurs programmes socioprofessionnels financés par le gouvernement du Québec. 

Ces ateliers, plateaux de travail et stages sont souvent présentés comme des lieux de socialisation, d’apprentissage et d’intégration. L’intention de départ n’est pas mauvaise : offrir un espace sécurisant, permettre de développer des habiletés, briser l’isolement. Mais entre l’intention et la réalité, un gouffre s’est creusé. 

Depuis des années, des organisations crédibles – la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse et l’ONU, – dénoncent des pratiques qui auraient dû disparaître il y a longtemps. Lorsque des personnes accomplissent des tâches identiques à celles d’un emploi régulier, pour produire des biens et des services qui génèrent des revenus, mais sans salaire, sans protections minimales, sans avantages sociaux, nous ne sommes plus dans la formation. Nous sommes dans l’exploitation. 

Il est plus que temps que ça change. 

L’action collective déposée par la Société québécoise de la déficience intellectuelle (SQDI), avec l’appui de personnes concernées et de leurs familles, arrive comme un signal clair : les droits de ces citoyennes et citoyens doivent être respectés. Rien de plus. Rien de moins. 

Certains affirment que ces programmes donnent à des personnes une occasion de sortir de la maison, de rencontrer des gens, de se sentir utiles. C’est vrai que plusieurs y trouvent un cadre structurant. Mais au Québec, le travail doit être rémunéré. C’est un principe fondamental du droit du travail, et c’est aussi une question de dignité. Aucune personne ne devrait être placée devant un faux choix : travailler gratuitement ou rester chez elle. 

L’enjeu dépasse la rémunération. Il touche aussi à la façon dont notre société perçoit les personnes ayant une déficience intellectuelle : comme de simples consommateurs de services ou comme de véritables contributeurs à la vie collective. Depuis des années, je défends une vision simple : ces personnes apportent beaucoup à la société – socialement, culturellement, économiquement. Il est temps que nos politiques reconnaissent cette contribution plutôt que de perpétuer des modèles qui la minimisent. 

La SQDI ne demande pas la fermeture des ateliers ou des plateaux de travail. Elle demande leur transformation. Elle demande que le gouvernement investisse enfin dans des programmes réellement inclusifs : avec de véritables objectifs de formation; avec un accompagnement adéquat; avec une durée limitée; avec une rémunération juste et avec des transitions vers de vrais milieux de travail… lorsque la personne le souhaite et en est capable. 

Pour celles qui ne peuvent pas être incluses au marché du travail, la solution ne doit jamais être l’exclusion ou le renvoi à la maison, mais plutôt des activités significatives, stimulantes et respectueuses de leurs droits constitutionnels. 

En appuyant cette action collective – résultat de l’initiative de la SQDI – la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (COPHAN) désire rappeler au gouvernement du Québec que les droits humains n’ont pas d’exception.  

Et nous tenons à le redire sans détour : il est plus que temps que ça change. 

Paul-C. Bérubé, directeur général