Les personnes en situation de handicap demandent à vivre dignement

26 août 2024
Insécurité alimentaire - Illustration des quatre catégories d'aliments.

Paul Lupien est président de la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (COPHAN)

L’insécurité alimentaire est une réalité inquiétante et injuste pour des milliers de Québécois et Québécoises, mais elle l’est d’autant plus pour les personnes en situation de handicap.

L’article publié par Le Devoir le 22 août met en lumière un problème qui nous concerne tous : l’incapacité pour les personnes en situation de handicap d’accéder à une alimentation suffisante et de qualité. La COPHAN et ses quelque 50 organismes membres sont quotidiennement témoins de cette réalité.

Les carences nutritionnelles, qui sont souvent la conséquence directe de l’accès limité à une alimentation de qualité, peuvent aggraver des conditions médicales existantes ou en créer de nouvelles. Cela entraîne une spirale descendante où les besoins médicaux augmentent, tout comme les coûts associés, créant ainsi un cercle vicieux d’appauvrissement et de dégradation de la qualité de vie.

Les personnes en situation de handicap sont, de façon disproportionnée, victimes d’insécurité alimentaire. Pourquoi? Les causes sont multiples : revenu insuffisant, coût de la vie croissant, et dépenses additionnelles liées aux besoins spécifiques en matière de soins et d’équipements adaptés. Quand on ajoute à cela la difficulté d’accéder à des services de soutien adéquats, la question devient plus complexe qu’un simple manque de nourriture. Il s’agit ici d’un véritable enjeu de justice sociale.

Malgré la solidarité de la société québécoise, il est clair que l’aide publique et les programmes actuels ne répondent pas aux besoins spécifiques des personnes en situation de handicap. Par exemple, le programme d’assistance sociale n’offre pas assez de flexibilité ni d’adaptabilité pour couvrir les frais médicaux ou les coûts supplémentaires liés au transport spécialisé ou aux régimes alimentaires particuliers. Pour plusieurs, le choix quotidien se résume à payer pour leurs médicaments ou pour leurs repas. Ce choix est non seulement déchirant, mais profondément inhumain.

Cela dit, la situation que vivent ces personnes n’est pas une fatalité. Il est possible, avec des politiques publiques bien pensées et conçues en collaboration avec le milieu associatif, d’améliorer considérablement leur qualité de vie.

À ce sujet, les solutions existent et sont connues. Par exemple, il est nécessaire d’augmenter les prestations d’aide sociale pour les personnes en situation de handicap afin qu’elles puissent couvrir leurs besoins essentiels, dont l’alimentation. Un meilleur accès aux services de soutien, ainsi qu’une sensibilisation accrue des différents intervenants du système de santé et des services sociaux, permettrait aussi de mieux accompagner ces gens dans leur quotidien.

Le droit à l’alimentation est fondamental. Il ne devrait pas être une préoccupation secondaire dans une société qui se veut inclusive et solidaire. Pourtant, aujourd’hui encore, des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes, handicapées ou non, doivent compter sur des banques alimentaires pour pouvoir manger à leur faim. Cette situation est intolérable et indigne d’une société comme la nôtre.

Par conséquent, la Confédération et ses quelque 50 organismes membres demandent à tous les paliers de gouvernements de reconnaître l’urgence de la situation et d’adopter des mesures concrètes pour améliorer le sort de ces personnes.

Parce que les personnes en situation de handicap ne demandent pas des privilèges, mais simplement de vivre dignement.

En investissant dès maintenant dans des solutions durables et inclusives, nous pouvons non seulement alléger le fardeau de l’insécurité alimentaire, mais aussi réduire les coûts à long terme pour notre système de santé. Il est donc dans l’intérêt de toute la société de s’assurer que chaque personne, quel que soit son handicap, ait accès à une alimentation saine et suffisante.

Source : https://www.ledevoir.com/societe/818544/personnes-handicapees-vivraient-plus-insecurite-alimentaire?#