La dignité et les droits des personnes handicapées sont intouchables
26 août 2024Paul Lupien est le président de la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (COPHAN) et Dominique Salgado est le directeur général du Comité d’action des personnes vivant des situations de handicap (CAPVISH)
Nous souhaitons aujourd’hui exprimer notre vive inquiétude face à une injustice persistante au Québec : les programmes socioprofessionnels qui excluent et exploitent les personnes handicapées. Ces programmes, censés favoriser l’autonomie et l’inclusion, deviennent souvent des systèmes d’exploitation, voire une forme d’esclavage moderne.
Dans une société qui se veut inclusive et respectueuse des droits humains, il est inacceptable que des personnes en situation de handicap soient confinées dans des ateliers de travail séparés des autres personnes, sans les protections minimales que toute autre personne reçoit. Plutôt que de promouvoir leur inclusion, ces programmes perpétuent leur marginalisation, minant ainsi leur dignité.
Le droit à un emploi décent est fondamental, pourtant au Québec, les personnes ayant une déficience intellectuelle ou un trouble du développement se retrouvent dans des programmes qui leur refusent un salaire équitable et la reconnaissance de leurs efforts. En plus, ces programmes échappent souvent aux normes minimales du travail, sous le prétexte de les former ou d’offrir des activités éducatives. En réalité, cela ne fait qu’aggraver leur exclusion et bafouer leurs droits.
Nous dénonçons cette exploitation, qui continue sous les yeux de tous, malgré les avancées apparentes vers une société plus inclusive. Le Québec, qui se dit juste et équitable, ne peut tolérer des pratiques qui isolent et exploitent les plus vulnérables parmi nous.
Les personnes handicapées sont des citoyennes à part entière. Elles méritent, comme tout le monde, des conditions de travail décentes et un respect inconditionnel de leur dignité. D’autres provinces ont montré qu’un véritable changement est possible, en créant des programmes inclusifs qui respectent les droits des personnes handicapées.
Nous appelons les autorités politiques à prendre des mesures immédiates pour réformer les programmes socioprofessionnels. Ces programmes doivent devenir de véritables outils d’inclusion, offrant à tous une chance égale d’accéder au marché du travail. Nous demandons que des solutions inclusives soient promues et financées, afin que ces personnes ne soient plus exploitées sous prétexte de formation.
Nous sollicitons une mobilisation collective pour défendre les droits des personnes handicapées et pour enfin concrétiser les valeurs d’équité et de justice sociale que notre société prétend incarner.