La COPHAN : Ensemble pour l’inclusion

15 mars 2004

La Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (COPHAN) est un organisme à but non lucratif, fondé en 1985 pour et par des personnes ayant des limitations fonctionnelles. Elle a pour mission la défense collective des droits des personnes ayant des limitations fonctionnelles et leurs proches pour une inclusion sociale pleine et entière. La COPHAN regroupe plus de 30 organismes nationaux de personnes ayant des limitations fonctionnelles et leurs proches. Ces organismes regroupent, à leur tour, des organismes régionaux ou locaux ou des membres individuels provenant de la majeure partie des régions du Québec. La COPHAN rejoint toutes les limitations fonctionnelles : motrices, organiques, neurologiques, troubles d’apprentissage, intellectuelles, visuelles, auditives, parole et langage, et santé mentale.

L’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernement, le 14 avril 2004, a entraîné des changements majeurs, des arrêts de mise en œuvre de certains plans d’action, le report de certains projets de loi dont la révision de la Loi assurant l’exercice des droits des personnes handicapées, une prolifération de projets de lois dans un temps record et l’adoption sous bâillon de 8 lois en décembre 2003. En effet le gouvernement a entrepris une démarche de révision de tous les programmes gouvernementaux, appelée la « réingénierie de l’État » qui remet en question le rôle de l’État. Nous croyons qu’il faut, à la fois, être pro-actif à défendre nos droits et solidaire du mouvement qui se mobilise pour lutter contre le recul des droits et l’appauvrissement.

Pour la COPHAN, il est important que les revendications des personnes ayant des limitations fonctionnelles soient entendues et reprises dans les grands débats, de la même façon que nous nous associons aux débats et revendications des autres secteurs. Plusieurs démarches que nous avons entreprises depuis plusieurs années vont dans ce sens, que ce soit dans nos mémoires, auprès des grandes coalitions dont nous sommes membres, à travers nos lettres d’appui aux grandes campagnes des différents secteurs, dans notre implication en faveur de la promotion des instruments internationaux de défense des droits de la personne, dans notre lutte contre la privatisation, dans notre réflexion sur la fiscalité, dans la préservation du caractère public, de l’universalité, de l’accessibilité, de l’intégralité et la gratuité des services dont l’État a la responsabilité, dans notre lutte contre les effets pervers d’ententes de libre échange telles l’ALENA ou la ZLEA.

Depuis le mois d’août une multitude de projets de loi a été déposée et présentée en un temps record. Tous ces projets de loi ont un impact direct sur la vie de tous les citoyens et toutes les citoyennes du Québec, dont les personnes ayant des limitations fonctionnelles et leur famille. Tout en étant très présente dans les différentes commissions parlementaires, comités de travail, etc., la COPHAN revendique depuis des années l’inclusion des personnes ayant des limitations fonctionnelles à la société. Nous avons consulté nos membres et apporté nos recommandations sur  de nombreux dossiers. Entre autres, nous avons dénoncé les profonds reculs qu’entraînent les modifications fondamentales à l’organisation des services de santé et de services sociaux  en apportant notre vision sur la conception globale de la santé et qui oblige l’État à tenir compte d’un ensemble de déterminants socioéconomiques de la santé. Nous avons travaillé sur le Plan d’action en déficience physique, qui, malheureusement, n’a pas reçu le financement nécessaire pour actualiser les mesures prévues visant à accroître l’accès aux services requis pour répondre aux besoins des personnes ayant des limitations fonctionnelles. Nous avons également apporté nos pistes de solutions à propos du  plan d’action en matière de lutte contre la pauvreté, de la consultation concernant le Régime de rentes du Québec, de l’évaluation du programme de transport adapté, de la Politique d’intégration des enfants handicapés en service de garde et du Cadre de référence sur l’élaboration du plan d’intervention en milieu scolaire. Nous avons participé aux consultations prébudgétaires, sensibilisé différents intervenants sur l’accessibilité universelle, dénoncé la durée de 9 ans d’attente au Programme d’adaptation de domicile et réclamé une réelle politique de soutien aux familles. Nous nous sommes également penché sur l’application des outils reliés au droit international et au projet de convention internationale concernant les personnes ayant des limitations fonctionnelles.

La situation actuelle nous inquiète profondément devant les risques d’exclusion presque systématique qu’engendre cette réforme majeure de la vision, du rôle et des responsabilités de l’État. Nous réclamons des actions. Nous voulons une société qui favorise la participation des citoyens, citoyennes dans tous les lieux décisionnels, un État qui maintient, développe et protège ses services publics, qui fait de la prévention et est attentif  à la situation des femmes, des jeunes, des personnes âgées, des familles, des autochtones, des communautés ethnoculturelles et des personnes ayant des limitations fonctionnelles, qui vérifie l’impact que ses lois peuvent provoquer sur celles-ci, qui met en place des mesures d’accommodement, qui encourage la mission de transformation sociale des organismes d’action communautaire autonome, qui répartit la richesse en fonction du bien commun,  qui répond à tous les droits humains de tous ses citoyens et citoyennes, qui favorise la solidarité des peuples et le maintien de la paix.

 

Chloé Serradori
directrice générale