Une personne ayant des limitations se suicide parce qu’on la force à déménager : la COPHAN est consternée et exige des explications

23 septembre 2014

Montréal, le 23 septembre 2014 — C’est avec consternation que la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (COPHAN) a appris que le 14 septembre dernier, pour résister, une dernière fois, à l’expulsion de son lieu de résidence, Monsieur Yvan Tremblay de Granby a mis fin à ses jours. La COPHAN demande aujourd’hui que le gouvernement du Québec fournisse aux proches d’Yvan Tremblay des explications claires sur ce qui s’est passé. De plus, elle exige une évaluation des règles de sécurité en habitation et des services qui y sont reliés, sous l’angle de la liberté de choix, au cœur de la politique de soutien à domicile « Chez soi le premier choix ».

Monsieur Tremblay demeurait depuis près de 10 ans dans un logement qu’il appréciait. Avec l’aide de sa famille, il s’était bâti un chez-soi qui lui convenait. Selon les informations disponibles, il faisait l’objet de pressions pour déménager parce que son logement ne répondait soudainement plus aux exigences en matière de sécurité. Dans le cadre de la tenue prochaine du Forum sur la lutte contre l’intimidation, la COPHAN se questionne, à lire la dernière lettre de monsieur Tremblay, sur l’intimidation exercée par des employés des pouvoirs publics ignorant le choix de la personne censée être au cœur des services.

La COPHAN demande depuis plusieurs années de participer aux discussions entourant la sécurité en habitation et des services qui y sont reliés pour éviter ce genre de situation, mais sans succès. Ce cas démontre encore une fois que l’État québécois ne défend pas le droit des personnes ayant des limitations de faire leurs propres choix et d’en assumer elles-mêmes les conséquences. La COPHAN ne croit pas que déménager de force des personnes qui sont bien chez elles au lieu de s’assurer de leur sécurité sur place, soit la bonne façon de répondre aux événements tragiques de L’Isle-Verte. Selon Richard Lavigne, directeur, « cet événement démontre que les personnes ayant des limitations ne pèsent pas lourd dans la balance. Les représentants de l’État décident pour elles ce qui est bien, en empiétant sur leur liberté et en niant leur droit de prendre leur propre risque. »

Des milliers de Québécoises et de Québécois ayant des limitations fonctionnelles subissent quotidiennement des situations où les balises administratives ne respectent pas leurs droits. Avec l’histoire de monsieur Tremblay, plusieurs de ces personnes craignent maintenant, avec raison, d’être déménagées de force pour des raisons de sécurité, ou pour toute autre raison, comme couter trop en soutien à domicile.

En cette période où nos dirigeants révisent les programmes, jusqu’où iront-ils pour éconoptimiser? Où sera la limite entre le droit de choisir notre vie et l’obsession sécuritaire de celles et ceux qui veulent notre bien? Pour la COPHAN, tout est question d’équilibre, mais jamais nous n’accepterons que d’autres décident à la place des personnes ayant des limitations fonctionnelles ce qui est bon pour chacune d’entre elles!

Rien sur nous, sans nous!